19 février 2012

Késako à Pantin? Eric Lareine et leurs enfants et Rodolphe Burger par Audrey Bigel

 

Votre attention Mesdames et Messieurs!

Par les quelques lignes qui vont suivre, je vais tenter de réduire à néant 2 préjugés communément admis:
1/ Sortir, ça coûte cher;
2/ Notre époque est morne et notre monde globalisé, sans saveur...
A Pantin, en 2012, on peut sortir, se cultiver, s'amuser, prendre du plaisir... pour pas cher! Profitons-en!
Cette saison, la programmation culturelle de Pantin (à portée des bourses modestes: de 3 à 14 €) est riche et enthousiasmante.

Prochainement je vous dirai un mot sur chacun des spectacles déjà vus depuis septembre. Mais aujourd'hui je dois vous parler d'un chanteur, d'un poète, d'un artiste exceptionnel et discret: Eric Lareine.
Vendredi 10 février 2012, la Salle Jacques Brel accueillait à Pantin 2 concerts: Eric Lareine et leurs enfants puis Rodolphe Burger. Ca fait beaucoup pour 2 oreilles en 1 soirée... Du coup, mon coeur et mon cerveau ont été largement plus attentifs à Eric Lareine qu'à Rodolphe Burger. Alors par honnêteté, je ne vous parlerai presque pas de Rodolphe Burger, c'est un grand bonhomme au talent rugueux qui mérite d'être écouté; vous pouvez vous reportez à son site officiel: www.rodolpheburger.com. Juste pour le situer, il était invité par Olivier Cadiot au dernier Festival d'Avignon, où il proposait notamment un concert de clôture dans la cour d'honneur du palais des Papes et on l'entend en ce moment sur les ondes avec son dernier album hommage au Velvet Underground (This is a Velvet Underground song that I'd like to sing).

A présent, venons-en à cette fabuleuse et étrange découverte que sont Eric Lareine et leurs enfants en concert.
Tous les témoins diront que son album éponyme est très bon mais que rien ne vaut de l'entendre sur scène. Un internaute averti a écrit qu'Eric Lareine a été formé au Théâtre de la cruauté d'Antonin Artaud, et ceci explique un peu sa danse hystérique aux sursauts épileptiques.
J'ai envie d'abord de vous le décrire physiquement: j'ai vu s'approcher à l'avant-scène, les épaules basses, 1 homme petit, entre deux âges, le sourire apparemment timide, la chevelure pas encore hirsute (les cheveux coupés au carré, gris et bouclés), le regard caché derrière de larges lunettes, le pantalon trop court et la ceinture évidemment trop haute. Cette image d'un homme bancal et maladroit est immédiatement démentie par ces premiers mots mystérieux: "Mon nom dépend de vous"... Puis le free jazz de ses compagnons (Pascal Maupeu aux guitares et banjo, Frédéric Gastard aux saxophones et claviers analogiques, et Frédéric Cavallin à la batterie et au glockenspiel) entraîne notre poète somnambule ivre de mots, comédien sur le fil de la langue, dans une danse saccadée et en apparence possédée. Mais les quelques mots tendres et drôles à l'adresse du public nous en disent plus sur notre prochain, l'homme qui ne boude pas son plaisir et que nous avons devant nous.

En résumé, Eric Lareine nous a bien eus: on l'a pris pour un simple et il est poète expressionniste, chanteur anarchiste, artiste-chamane.

Ses textes nous parlent de notre époque, d'écologie, de décroissance, d'(in)égalité des sexes, sans jamais prononcer de tels mots. Dans son monde, les jeunes filles qui se prennent pour des princesses traversent des jungles peuplés de crocodiles aux yeux rouges; un ange veille au-dessus des trains à la fermeture des portes qui donnent sur les voies (L'ange ferroviaire est un titre de son prochain album, à paraître en septembre, et un futur carton!); le réchauffement climatique est une fièvre contagieuse("l'utilisation excessive des appareils ménagers de catégorie 4 induit c'est fatal, une élévation de ma température..." ; pour ceux que ces paroles rendent curieux, rendez-vous sur www.myspace.com/ericlareine pour écouter La Soupape).

Après plusieurs écoutes de son dernier album, on peut penser qu'Eric Lareine est le fils caché de Mano Solo et de Brigitte Fontaine. Mais il fait penser aussi à Boris Vian, Prévert, Nougaro, Léo Ferré...
Mesdames et Messieurs, vous l'aurez noté, nos 2 préjugés de base sont désormais vaincus; en effet, je suis sortie de mon train-train pour 7€ et quelqu'un m'a rappelé à quel point la vie est synonyme de plaisir, de créativité et d'exubérance!  

Vous aussi, prenez le risque d'être surpris, de passer un moment plein d'humour, d'énergie vitale et d'émotions. Eric Lareine sera à Gauchy le 21 février, à Vernouillet le 14 mars, à Hyères le 29 mars.
Toutes les infos sur: www.lesproductionsduvendredi.com

Audrey Bigel

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je ne connais pas la personne qui à écrit cet article mais c'est intelligent, bien écrit, subtil, merci pour ce moment de plaisir.